Le Jeudi 12 Avril dernier, Mission Bocage animait une soirée-débat sur l’importance de la place de l’arbre et de la haie dans la prochaine révision de la PAC qui prendra effet à partir de 2014. Vous trouverez-ci-dessous un résumé des échanges et des idées qui seront relayées au niveau de l’AFAHC.L’association française Arbres et Haies Champêtres (dont Mission Bocage est membre actif) a proposé une série de mesures visant à mieux considérer les haies bocagères, les arbres ou encore les mares dans la Politique Agricole Commune.

Soirée Débat Mission Bocage Arbre et Haie dans la PAC

L'affiche de la soirée

En introduction de la soirée, Pascal Germain, enseignant chercheur en Droit de l’aménagement et de l’environnement à l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers (ESA), a rappelé le rôle de la PAC (Politique Agricole Commune) vis-à-vis de l’environnement et ses différents niveaux d’intervention, de l’européen…au local. Cet échelon garde un rôle fondamental pour accompagner les orientations agricoles. Pour la prochaine programmation de cette PAC, courant 2013, il pose la question pour « l’imbrication de ces différents niveaux» : comment coller aux enjeux environnementaux globaux mais créer des espaces pour que chaque territoire puisse trouver des solutions ?

Pour Jean-Charles Vicet, vice président de l’AFAHC, l’objectif est clair : « faire en sorte de rendre l’arbre admissible aux aides » et que l’on relie enfin la production agricole et l’écologie ! Pour cela, l’AFAHC propose un nouvel indice plus pédagogique et évolutif, issu de groupes de travail rassemblant ministères, syndicats agricoles, environnementalistes, etc : l’indice SPA/SAU. La SPA, c’est la Surface Potentiellement colonisable par les Auxiliaires de culture qui assurent la pollinisation et/ou la consommation de ravageurs. Les experts de l’agroécologie ont évalué qu’à partir de ces refuges tels que les haies et les arbres isolés, leur territoire de colonisation dans les champs correspond à une zone dont la largeur est inférieure à 60 m du bord d’une haie, et à 30 m d’un arbre isolé. A partir de ce constat, il est possible avec l’aide des photos aériennes CartoPAC de calculer la SPA, la. Le rapport sur la SAU donne une bonne idée de la répartition des arbres et éléments fixes du paysage utiles dans une approche agroécologique. Jean-Charles Vicet souligne qu’il reste encore beaucoup de questions à préciser : « est-ce que 50 m c’est suffisant ? quel seuil minima ? », cette soirée était là pour « faire avancer la proposition ».

Les réactions de la salle et des autres intervenants ont été interrogatives : faut-il contraindre ou motiver son voisin ? Jean-Louis Lardeux, président du Pôle Territoire de la Chambre Régionale d’Agriculture des Pays de la Loire, a insisté sur l’importance de la « continuité dans l’accompagnement des agriculteurs dans cette thématique ».

Toutefois, quelques contraintes réglementaires pourraient éviter des arrachages qui nuisent à l’image de la profession…Edouard Alain Bidault, président de la Fédération Régionale des Chasseurs, « crois lui aussi beaucoup plus aux messages répétés qu’à la réglementation ». Pourtant, sur les 11millions d’euros du budget de la PAC, s’est interrogé un agriculteur de la salle, n’y-a-t-il pas possibilité de réaffecter des moyens pour qu’elle soit plus favorable à l’environnement ? C’est aussi l’avis de Florence Denier Pasquier, juriste de l’environnement et représentant France Nature environnement, qui affirme qu’il ne faut pas « opposer pédagogie et réglementaire».

Elle souligne l’importance d’une « agriculture plus résistante aux marchés internationaux » grâce aux arbres notamment ! En effet, l’arbre est une ressource économique (énergie, bois d’œuvre) qu’il faut se réapproprier au niveau local. Christophe Piton, maire de la Chapelle-Rousselin, pense également que la structuration d’une filière bois, en cours sur le département avec la participation de Mission Bocage, est importante. Pour lui aussi, « environnement et économie vont de paire quand il s’agit de haies ».

Au-delà du volet économique, Samuel Legrais de Mission Bocage a rappelé le rôle social de l’arbre : « on se retrouve autour pour planter et échanger, c’est l’image de l’agriculture qui se trouve grandie ».

Pascal Paquier, agriculteur agroforestier à la Tessoualle, confirme que les gens « s’arrêtent en voyant les tuteurs et protections au milieu de ces champs » ! L’agroforesterie, c’est-à-dire l’association d’arbres et des cultures/élevage (à ne pas confondre avec les Taillis à courte rotation d’acacias) nécessite encore un « décompactage intellectuel »…

Même si nous étions loin des débats télévisés de la présidentielle, cette soirée a permis de mesurer la prise de conscience qui s’amorce sur les Mauges, où bien que « faisant partie des meubles », le bocage est encore trop souvent mal traité. Comme l’a dit l’un des intervenants, « ce sont les petits pas qui comptent »…Et les témoignages : un agriculteur confiait récemment à Mission Bocage avoir mesuré grâce à du matériel de pointe l’augmentation de ses rendements grâce à la haie…Environnement, économie, social : l’arbre au cœur du développement durable du Pays des Mauges ? C’est ce que Mission Bocage veut croire !

L’AFAHC réunit et représente des associations et opérateurs de terrain, des collectivités, des chercheurs et des particuliers, conscients du rôle capital que jouent les arbres et les haies champêtres dans l’écologie et l’économie de nos campagnes. Elle est le porte-parole des arbres et des haies champêtres au niveau national. Elle est force de proposition dans les débats qui orientent le devenir des territoires.

Résumé réalisé par Jeanne-Marie Laurendeau

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